II-La salive
Tout d'abord, la salive est une sécrétion des glandes salivaires (1) qui prépare à la digestion des aliments. C'est le liquide biologique le plus utilisé. Par exemple la police scientifique choisit ce support pour établir le profil d'ADN d'un suspect grâce à de nombreuses traces relevées sur les mégots, les enveloppes, chewing gum, goulots, brosses à dents, verres, aliments, etc... Mais également sur des supports placés devant la bouche comme le téléphone ou le micro en se déplaçant d'un individu à l'autre.
a) Expérience
Matériel :
-Tube à essai
-Liquide vaisselle
-Alcool à 90 (éthanol)
-BBT (Bleu de Bromothymol)
-2 verres
de montre
Protocole :
-Verser de la salive de l'individu dans le tube à essai (environ 1 cm).
-Mettre quelques gouttes de liquide vaisselle.
-Remplir le tube d'éthanol au trois quart en veillant à laisser couler le long de la paroi du tube à essai.
-Mettre du Bleu de Bromothymol dans un verre de montre puis de l'eau dans un autre verre de montre.
-A l'aide de la pipette pasteur, attrapez la « méduse » formée dans le tube à essai, à la surface.
-La déposer dans le Bleu de Bromothymol pour la colorer.
-La mettre dans l'eau délicatement.
Une sorte de filament blanc apparaît, on l'appellera "méduse".
Cette "méduse" est en fait une "méduse" d'ADN. Cette dernière n'est pas formée que d'une seule molécule d'ADN mais d'un grand nombre car au début on utilise un grand nombre de cellules buccales. De plus, on ne trouve pas, dans notre bouche, que nos propres cellules mais également des bactéries et des déchets alimentaires. Donc cette expérience ne nous permet pas d'observer la molécule d'ADN de notre corps.
b) Méthodes différentes pour révéler la présence d'ADN dans la salive :
=>Le kit FTA (Fast Technology for Analysis) :
Il est utilisé afin de prélever l'ADN par les unités de police et de gendarmerie à l'aide de gants, masques, cotons tiges stériles et papier de cellulose* sur lesquels sont déposées les cellules des muqueuses internes des joues. De plus, l'opération de prélèvement dure quelques minutes pendant qu'un membre de la police scientifique va frotter la tige cotonnée sur l'intérieur des joues du suspect. Ceci permettra la récupération de plusieurs cellules de la muqueuse buccale(3). Le coton tige est posé sur un papier spécifique qui a le pouvoir de casser les cellules et de libérer l'ADN. L'acide désoxyribonucléique (ADN) sera fixé dans le papier tout en neutralisant les bactéries. Le papier FTA pourra ensuite être traité de façon automatisé dans un laboratoire dans le but d'établir un profil génétique et de le transmettre pour comparaison et intégration au Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG).
=>Le Polilight :
Inventé dans les années 1980, le Polilight a un mode d'action assez simple. Il s'agit en fait d'une lampe qui possède la capacité d'émettre de la lumière à différentes longueurs d'onde. Alors que la lumière solaire, dite « lumière blanche », est dotée d'un ensemble de longueurs d'ondes, chaque longueur d'onde individuelle est perçue par l'œil comme une couleur unique. Certains éléments sont naturellement fluorescents, c'est-à-dire qu'ils possèdent la particularité d'absorber la lumière à une certaine longueur d'onde et de réémettre de la lumière à une longueur d'onde supérieure.
De plus, la présence de salive sur les lieux d'infraction peut être établie. La lampe polilight peut permettre d'obtenir une fluorescence très légère sur certains supports avec un éclairage d'une longueur d'onde de 470 nanomètres.
=>Le test Phadebas :
Le test Phadebas permet de faire réagir une protéine spécifique de la salive : l'amylase. Le test utilise un amidon non soluble de couleur bleue. L'amylase va permettre de découper l'amidon en petits morceaux et la présence de salive sera confirmée par une coloration bleue.
c) Confondre un criminel grace à sa salive
Après avoir extrait les cellules d'ADN provenant en l'occurrence de la salive, on choisit entre plusieurs méthodes : PCR (Polymérase Chain Reaction ou en français Amplification en Chaine par Polymérase : ACR), RFLP (Restriction Fragment Length Polymorphism ou en français polymorphisme de longueur des fragments de restriction) ou encore AFLP (Amplification Fragment Length Polymorphism ou en français Polymorphisme de longueur des fragments amplifiés). C'est la méthode ACR qui est utilisée en générale car les experts lui trouvent de nombreuses qualités. Il leur suffit de disposer d'un à deux nanogrammes d'ADN. De plus, cette méthode est très rapide à réaliser : 24h maximum. Pour cette méthode, on récupère un bout d'ADN comme un gène par exemple. Les généticiens cherchent un bout d'ADN qu'ils vont pouvoir utiliser. Ils verront si le gène a subit des mutations pouvant occasionner une maladie. Afin de réaliser la réaction en chaîne de polymérase, les généticiens disposent d'amorces (4), d'un seul brin d'ADN identique au début et à la fin du gène, d'ADN polymérase, d'un grand nombre de bases azotées et d'un appareil dont la température se règle automatiquement. L'expérience se réalise en trois cycles : un premier à 94°C, un second à 60°C et un dernier à 72°C. L'amplification en chaîne de polymérase copie un même gène en plusieurs millions d'exemplaires.
Pour résumer, les experts, après avoir relevé les cellules, en extraient l'ADN. Pour cela, comme vu précédemment dans l'expérience que nous avons réalisée, les ingénieurs en laboratoire utilisent un détergent afin de rompre les membranes cellulaires et de dénaturer les protéines. Une fois l'ADN sous forme visqueuse, les ingénieurs vont dissoudre les protéines à l'aide de phénol. Après avoir récupéré l'ADN par décantation ou par centrifugation, l'ADN est décuplé grâce au thermocycleur. On compare alors le nombre de Loci(5). En France, pour qu'une empreinte soit jugée exploitable, il faut étudier 15 Loci. Enfin, on compare l'empreinte génétique avec celles contenues dans le FNAEG (Fichier National Automatisé d'Empreintes Génétiques).
La salive, en tant que liquide biologique, constitue une preuvre incontestable si l'échantillon retrouvé est exploitable. Il va de soi que le sang est aussi est un élément clé lors d'une enquête. Il peut être etudié de différentes façons. En effet, en présence d'un crime avec arme à feu, le sang est étudié dans le cadre de la balistique. Pour en savoir plus, rendez-vous à la rubrique suivante : La balistique.