IV- Le sang
Le sang est souvent présent sur les scènes de crime, en revanche il peut etre dissimulé. Il existe donc des expériences chimiques permettant la révélation du sang lorsque ce dernier n'est pas visible.
a) Expérience :
Matériel :
-Eau oxygénée
-Compte-goutte
-Morceau de tissus
-Echantillon de sang animal
-Sèche-cheveux
Protocole :
-Imbiber le morceau de tissu avec le sang.
-Essorer le morceau de tissu et le laisser sécher.
-Laver le morceau de tissu jusqu'à ce que le sang disparaisse.
-Sécher le tissu avec un sèche-cheveux.
-Appliquer de l'eau oxygénée sur le tissu.
Après avoir imbibé le tissu d'eau oxygénée, une mousse blanche apparait aux endroits où le sang avait préalablement été appliqué. Pour comprendre cette réaction, il faut d'abord savoir que le nom scientifique de l'eau oxygéné est le peroxyde d'hydrogène de formule chimique H2O2.
Une mousse apparait, il y a donc dégagement d'un gaz. On formule donc l'hypothèse suivante :
La mousse est-elle due à un dégagement de dihydrogène ou de dioxygène ?
On sait que, malgré la lenteur du processus, l'eau oxygénée se décompose. Le sang va jouer un rôle de catalyseur(1). C'est-à-dire qu'il va accélérer le processus de décomposition. Ce gaz c'est le dioxygène de formule O2. L'équation de la réaction est donc la suivante : 2 H2O2 ==> 2 H2O + O2
b) Révélation du sang et exploitation des taches de sang retrouvées sur une scène de crime.
· Révélation du sang quand il est dissimulé :
On peut utiliser le luminol (de formule brut C8H7N3O2) qui réagit au fer, présent dans le sang (plus précisément dans les cellules du sang). Cette molécule présente une chimiluminescence (2) de longueur d'onde 450nm (bleu laiteux). L'espèce chimique produit cette chimiluminescence lorsqu'elle est mélangée avec un oxydant. C'est grace à cette émission de lumière, qui est due à l'excitation des photons par la réaction, que les tâches de sang dissimulées pourront être visibles. Cette réaction nécessite un catalyseur qui est contenu dans l'hémoglobine du sang : le fer. Afin de révéler la présence de sang, un expert va préparer une solution à base de luminol et la vaporiser sur la scène de crime. La réaction va alors durer une trentaine de secondes, pendant lesquelles les taches de sang auparavant invisibles, apparaissent sous forme de taches bleues. Dès la révélation, un second enquêteur va commencer le prélèvement et va, une fois l'opération terminée, faire parvenir ces prélèvements au laboratoire afin de les faire analyser.
On peut aussi utiliser l'eau oxygénée comme nous l'avons démontré ci-dessus.
- Exploitation des taches de sang retrouvées sur une scène de crime
Dans le cadre d'un meurtre par balle ou par arme blanche, du sang se trouve projeté hors du corps de la victime. On peut alors retrouver, un peu aux abords du corps, des taches de sang spécifiques au type d'arme utilisée ou à la violence plus ou moins élevé du/des coup(s) porté(s). On distingue trois grands types de taches de sang :
-Les taches passives : Elles sont soumises uniquement à la gravité et tombent donc à la verticale. Elles sont le plus souvent rondes. Dans les cas où elles tomberaient d'une hauteur plus importante, on retrouve autour de la goutte principale plusieurs autres gouttes moins importantes (la goutte a rebondie ce qui a entrainé les autres gouttes autour). On appelle cette forme une « couronne ».
-Les taches projetées : Elles sont elliptiques si de l'énergie a été transmise au sang.
-Les taches de transfert : Ces dernières se forment lors du contact entre un surface dîte «propre», sans sang, et une surface avec du sang.
Selon la violence du coup et le type d'arme, la taille de la tache de sang changent.
Les taches de sang ayant un diamètre compris entre un et trois millimètres proviennent d'un coup porté avec une arme blanche. En revanche, les taches dont le diamètre ne dépasse pas un millimètre sont des projections de sang suite à une blessure par balle. Plus le coup est violent et plus les taches sont petites. Ce critère est appelé vélocité(3).
Pendant son vol, la goutte de sang est parfaitement sphérique. On modélise sa trajectoire par une parabole. On peut déterminer l'angle suivant lequel la goutte a atterri sur la surface. Le point d'impact avec la surface sera arrondi et la partie la plus éloignée sera allongée, déformée et avec des contours irréguliers. La goutte à donc une forme d'ellipse, plus allongée dans la direction opposée à la source.
Une équation trigonométrique permet de calculer l'angle d'impact : A= arc sin(l/L)
En calculant l'angle d'impact pour chaque goutte de sang retrouvée sur la scène crime et en le modélisant à l'aide de ficelles ou de lasers, les experts sont capables de déterminer la place de la victime au moment du tir mais aussi du tireur. Il faut alors définir si le tireur se tenait à l'intérieur ou à l'extérieur de la zone ou les gouttes de sang ont été retrouvées mais aussi à quelle distance de la victime il se trouvait.
Les blessures par balles saignent de deux manières différentes : Si l'on trouve un orifice d'entrée et un orifice de sortie ou s'il n'y a qu'un orifice d'entrée et que la balle est toujours logée dans le corps de la victime.
Une plaie saigne peu importe le nombre d'orifices. On appelle « jet d'entrée » la projection de sang à l'entrée et « jet de sortie » la projection de sang à la sortie. Si le tireur, ou un objet, a fait obstacle aux gouttes de sang dans leurs trajectoires, on observe une rupture dans le « motif » de la goutte. Cela montre donc la position de la personne ou de l'objet manquant sur la scène de crime.
Les taches au sol sont souvent effacées volontairement par le tireur et détruites involontairement par les personnes découvrant la victime ou la scène de crime.
Le goutte à goutte est le sang qui coule d'une personne bléssée ou d'une personne portant du sang sur elle sans être être bléssée. De plus, les objets contondant ensanglantés transportés sur la scène de crime peuvent aussi laisser des traces sanglantes. Tous ces facteurs altèrent souvent la scène de crime et compliquent le travail des experts.
Quand du sang est retrouvé sur une scène de crime, on cherche d'abord à savoir si ce sang provient d'un humain ou d'un animal, surtout quand du sang est retrouvé sans corps à proximité. Pour cela on étudie les protéines contenues dans le sang car elles divergent selon l'origine du sang (animal ou humain). On injecte un sérum contenant des anticorps agissant contre les protéines humaines. Il y aura une agglutination si et seulement si le sang est d'origine humaine.
Ensuite, si le sang est bien d'origine humaine, alors on étudie le groupe sanguin auquel il appartient. Il est fréquent que ce dernier disculpe certain suspect lors d'enquête criminelle. On utilise alors le système ABO. Découvert par Karl LANDSTEINER pour la première fois en 1900, il existe quatres grands groupes: A, B, AB, O. On appelle agglutinogène la substance contenue sur les hématies du sang et agglutine la substance contenue par le sérum. On appelle les agglutines anti-A, anti-B et anti-A+B. Les agglutinogènes nommés A et B peuvent apparaitre seul sous les formes A et B ou ensemble sous la forme AB. Lorsqu'il n'y a pas d'agglutinogènes dans le sang d'un individu, le groupe est O. Chacun de ces groupes peuvent être soit rhésus positif, soit rhésus négatif. Ce facteur a été découvert pas Landsteiner en 1940. Parmi les plus courants, on ne trouve donc que huits groupes sanguins différents ce qui exclut la possibilité d'incriminer un suspect à cause de son groupe sanguin. Cette caractéristique est trop peu spécifique.
En revanche, on peut réaliser un groupage du sang retrouvé sur la scène de crime. On utilise des sérums d'anticorps dirigés contre les antigènes (4) A et B. Encore une fois, par un système d'agglutination entre les antigènes et les anticorps, on pourra déterminer le groupe sanguin.

Il est tout de même plus facile de disculper un suspect que d'en confondre un autre avec cette méthode. Par exemple, si le sang découvert sur la scène de crime est O+ et que le suspect est AB alors ce dernier n'est pas le coupable. Toutefois, si le sang est de groupe O+ et que le suspect est du groupe O+, ce facteur est insuffisant pour la mise en examen d'un suspect.
Malgré l'importance de la découverte du groupe sanguin pour une enquête, l'identification d'un groupe sanguin ne permet que dans très peu de cas la résolution d'une enquête criminelle. En revanche, l'étude des éléments pileux peut apporter à l'enquête certains éléments cruciaux. Pour en savoir plus, rendez-vous à la rubrique suivante: Les éléments pileux.